La fête du spleen

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ELISA BERTHOLOMEY
Avec ANTHONY LATTIER et SARAH PAILLOU
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MAROQUIN SURPRISE. La nomination d’une “ministre déléguée chargée de la Coordination gouvernementale” a fait lever plusieurs sourcils dans la rédaction de POLITICO : mais quel sera précisément le rôle de Marie-Claire Carrère-Gée, la titulaire du poste, ne cessait-on de s’interroger depuis samedi soir.
Gentille Organisatrice. Mon collègue Paul de Villepin s’est donc empressé de poser la question à Matignon qui, le plus sérieusement du monde, lui a répondu ceci : grâce à sa “vision transversale”, la ministre sera amenée à faire travailler conjointement “des personnalités qui n’avaient pas travaillé ensemble” jusque-là, afin notamment de “surmonter les silos administratifs” pour “plus d’efficacité”. Il n’en fallait guère plus pour que certains bons connaisseurs des arcanes gouvernementaux voient en “MCCG” une directrice de cabinet officieuse de Michel Barnier, dont elle est l’une des très proches.
Les yeux et les oreilles. D’autant que plusieurs points concernant ce ministère restent encore à clarifier, comme les administrations qu’il aura à sa main ou les risques d’empiètement sur d’autres portefeuilles. Toutes les questions et une bonne partie des réponses sur ce maroquin sont à lire dans Paris Influence, dès 7h30 pour nos abonnés pros. Bon réveil à toutes et tous, nous sommes mardi 24 septembre 2024.
VOUS AVEZ UN MESSAGE. Aux membres du gouvernement, réunis pour la première fois en conseil des ministres hier après-midi, Emmanuel Macron a promis de les “aider à réussir” dans ce “temps nouveau qui s’ouvre pour le pays”. “Chacun autour de la table est dépositaire d’une mission plus grande que lui et au-delà de nos divergences”, a aussi jugé le président en préambule de ce conseil qui a duré, en tout et pour tout, une trentaine de minutes et dont vous pouvez lire le compte-rendu ici.
Not in my name. Si le ton du chef de l’Etat, dans le jardin d’hiver de l’Elysée, était cordial, en privé, il est tout autre. Votre infolettre a ainsi appris qu’Emmanuel Macron a commenté, en des termes nettement moins flatteurs, la composition de l’équipe Barnier. “Ce n’est pas mon gouvernement”, a-t-il pianoté à quelques proches avant de laisser poindre comme une part de spleen. “J’ai laissé les mains libres” à Barnier “et je n’ai même pas choisi les ministres de chez moi”, écrivait-il encore. Décryptage fourni par un familier du Palais : “Attal et Darmanin ont beaucoup poussé leurs proches.”
Entre nous. A en croire l’un de ses confidents, le président serait en “terre inconnue” face à cette équipe qu’il accueille “froidement”. “Il n’a pas dit à Barnier qu’il trouve le gouvernement très à droite”, nous précisait le même, préférant réserver ses commentaires à ses troupes (qui semblaient très empressées de nous en faire part).
Ça coince. Deux points l’ont particulièrement fait tiquer dans la période : il s’est “étonné”, auprès de Barnier, du rattachement du Budget et des Comptes publics à Matignon ; et il s’est “interrogé” de la sortie du Logement et des Transports de la tutelle de la Transition écologique (comme c’était le cas jusqu’à présent). “En même temps, c’était le premier à râler qu’on avait créé un monstre à Roquelaure”, s’amusait le familier de l’Elysée cité plus haut.
VOUS AVEZ UN AUTRE MESSAGE. Un peu plus tôt dans la journée, lors d’un petit-déjeuner à Matignon, c’est Michel Barnier qui a fait passer ses propres messages à ses ministres. Le PM leur a demandé d’éviter “l’esbroufe” et “d’agir avant de communiquer”. Playbook ne parierait pas complètement sur le fait que Bruno Retailleau, fraîchement nommé à l’Intérieur, et Didier Migaud, nouveau Garde des Sceaux, aient bien entendu le message…
Pif. Les deux hommes ont profité de leur présence aux 20 heures hier, — le premier sur TF1 (avant Le Figaro et Europe 1 ce matin), le second sur France 2 —, pour s’affronter (déjà) par JT interposés. “On a créé en France, depuis trop longtemps, un droit à l’inexécution des peines”, a tancé le patron de la place Beauvau avant d’appeler à ce que “les sanctions tombent”.
Paf. Réponse du Garde des Sceaux : “Il y a le sentiment parfois que la justice est lente ou ne condamne pas suffisamment. Ce n’est pas toujours exact”, a-t-il rétorqué, juste après avoir rappelé, l’air de rien, que la Justice est indépendante. Les deux ministres ont l’intention de se voir prochainement pour échanger.
ON FAIT QUOI MAINTENANT ? Le gouvernement a d’ores et déjà prévu de se réunir de nouveau vendredi après-midi pour un séminaire de travail consacré à la déclaration de politique générale du Premier ministre. D’ici là, comme Playbook vous l’écrivait dès hier matin, les ministres sont invités à faire remonter idées et priorités à Matignon.
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SEUMINAIRE LR. “Quand on vous fait un coup de p***, vous êtes contents ?”, nous demandait (trivialement) un élu LR au téléphone, hier. S’il nous parlait avec tant de franchise de son état d’esprit et de celui d’une partie des députés DR (Droite républicaine, ex-LR), c’est parce que la composition du gouvernement Barnier a fait des mécontents dans les rangs de la droite.
Comme nous, vous avez compté : pas moins de dix LR vont travailler dans l’équipe de Michel Barnier. Impensable il y a encore quelques semaines. Et pourtant, la façon dont Laurent Wauquiez s’est occupé des négociations et a distribué les postes n’a pas franchement convaincu.
Thérapie de groupe. Et quoi de mieux que la réunion du groupe prévue à 11h30 pour parler de tout cela ?
De quoi se plaignent-ils ? Plusieurs élus qui se voyaient bien entrer au gouvernement ou dont le nom figurait sur l’une ou l’autre des listes proposées par Barnier reprochent à leur chef de file, Laurent Wauquiez, de ne pas les avoir défendus (au mieux) ou d’avoir rayé leur nom (au pire). Selon l’un de nos interlocuteurs, “il ne fallait pas que d’autres visages libres, indépendants ou proches de rivaux de Laurent Wauquiez n’émergent”.
La Aisne. La proximité de Julien Dive avec Xavier Bertrand n’a par exemple pas aidé le député de l’Aisne à atterrir au ministère de l’Agriculture, domaine qu’il connaît bien. “Wauquiez a bloqué”, nous écrivait un cadre du groupe DR hier soir. C’est finalement Annie Genevard, spécialiste des questions d’éducation, qui y a été nommée.
Beaucoup l’ont aussi constaté : aucun de ceux qui prônaient une coalition ou un rapprochement avec la Macronie avant la dissolution, comme Nicolas Forissier, Philippe Juvin, Véronique Louwagie, Virginie Duby-Muller ou Jean-Louis Thiériot — qui n’étaient donc pas fanas de la ligne d’opposition raide jadis défendue par Wauquiez — ne figurent au gouvernement. La plupart espérait en être, voire, s’y voyait déjà.
Censurés. Ainsi de Nicolas Forissier dont le nom a été cité toute la semaine pour plusieurs portefeuilles, mais ne figure pas sur la liste finale. Ainsi, aussi, de Jean-Louis Thiériot, sûr d’en être jusqu’à samedi en fin d’après-midi. Mais le député spécialiste des questions de défense ne sera pas cité par Alexis Kohler sur le perron de l’Elysée, Laurent Wauquiez ayant mis son veto une heure avant, écrivait L’Opinion dimanche.
Raison avancée par les proches de Wauquiez : son suppléant, Michel Gonord, étant membre d’Horizons, l’entrée de Thiériot au gouvernement aurait fait perdre un élu à la Droite républicaine. Mais plusieurs de nos interlocuteurs y voyaient aussi l’“interventionnisme de Laurent Wauquiez” qui a préféré placer des proches à la dernière minute.
Surprises du chef. Les nominations inattendues de deux wauquiezistes, dont les noms n’étaient pas cités jusqu’à samedi, en ont, en effet, irrité plus d’un. Celle du député LR du Rhône Alexandre Portier, “rentré à la place de Thiériot” selon le cadre du groupe cité plus haut. Et celle de Nicolas Daragon, maire de Valence et vice-président d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ce dernier, l’un des favoris pour succéder à Wauquiez à la tête de la région, avait été déçu de ne pas avoir été adoubé. Selon plusieurs sources, Wauquiez a suggéré son nom à Barnier au dernier moment. “Un lot de consolation”, soupirait un élu LR.
Bilan de la séquence, selon un collaborateur LR : “Le front anti-Wauquiez est en train de grandir.” Un député déçu était même définitif : “Wauquiez n’arrivera jamais à recoller les morceaux.” Proche du président de DR, Yannick Neuder, contacté par votre infolettre, dédouanait son patron qui, à ses yeux, “n’a pas autant pesé qu’on le dit”. “Laurent Wauquiez n’avait pas intérêt à affaiblir son groupe parlementaire”, ajoutait-il, avant de glisser : “Tout le monde pourra s’exprimer à la réunion de ce matin.”
NOSTALGIE ATTALIENNE. Les néo-ministres Ensemble pour la République participeront-ils, ce matin, à la réunion de groupe des ex-Renaissance ? C’est en tout cas le souhait de Gabriel Attal, formulé dès jeudi, avant même la composition du gouvernement, nous a glissé hier un député EPR. “Il veut se faire un pré-conseil des ministres le mardi”, se marrait notre homme (en songeant aux conseils traditionnellement organisés le mercredi à l’Elysée).
Objectif : “définir une position commune” en amont, pour que les ministres “portent la ligne” EPR, estimait-il. Attal aurait-il ressenti le besoin de raccourcir la bride de ceux qui pourraient se sentir pousser des ailes en entrant au gouvernement ? Pour notre député, la présence des membres du gouvernement est une “exigence” du président du groupe. Une vision corrigée par une cadre via messagerie cryptée : les douze ministres EPR sont simplement “conviés” et viendront “en fonction de leur agenda”.
LE DÉSESCALADEUR. Le nouveau ministre des Affaires étrangères a vite été plongé dans le grand bain des crises internationales. Jean-Noël Barrot, qui accompagne Emmanuel Macron à New York pour l’assemblée générale des Nations unies, est monté à la tribune de l’organisation hier soir pour réclamer une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU, après l’intensification des frappes israéliennes au Liban.
Focus Ukraine. Outre le risque de guerre totale au Proche-Orient, l’assemblée générale de l’ONU, grand raout diplomatique réunissant plus de 130 dirigeants de la planète, se penchera sur l’Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui aussi sur place, devrait présenter son “plan de la victoire” pour mettre fin à l’invasion russe, en priorité au président Joe Biden et au Congrès. Ce plan de paix sera ensuite dévoilé aux autres dirigeants dont les Européens, m’écrit ma collègue Clea Caulcutt.
BYE BYE BIDEN. Ce sera le dernier grand événement international auquel Joe Biden participera. Une bonne occasion pour les chefs d’Etat de lui rendre hommage, mais aussi, pour certains, de rencontrer les candidats à l’élection américaine en novembre. Pas pour Emmanuel Macron qui, contrairement à Zelensky, ne prévoit pas de s’entretenir avec Kamala Harris et Donald Trump, précise encore Clea.
Emmanuel Macron s’envole pour New York afin d’assister à l’assemblée générale de l’ONU. Il prononce un discours à 14 heures.
Michel Barnier participe à la conférence des présidents de l’Assemblée nationale à 10 heures. 
Yaël Braun-Pivet prend part à la conférence des présidents et à la réunion du groupe EPR, avant de participer à l’audition, par le groupe de contact sur la Nouvelle‐Calédonie, de Rémi Bastille, Frédéric Pottier et Eric Thiers sur la “mission de médiation et de travail” en Nouvelle‐Calédonie.
Assemblée nationale : la commission du Développement durable se réunit à 14h30 pour nommer un rapporteur sur le projet de nomination de Jean Castex comme PDG de la RATP, un autre pour le projet de nomination de Pierre-Marie Abadie comme président de l’ASN et auditionner Bernard Doroszczuk, actuel président de l’ASN. La commission des Affaires économiques auditionne les Jeunes agriculteurs à 15h30. La délégation aux Droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes élit son bureau à 16 heures. La commission des Finances examine le rapport de la mission d’information sur la fiscalité de l’épargne retraite par capitalisation à 17 heures. 
Sénat : la mission d’information sur les complémentaires santé et les mutuelles examine son rapport à 14h30. La commission des Finances se réunit à 15 heures pour écouter plusieurs communications de ses membres — Florence Blatrix-Contat, Arnaud Bazin, Eric Bocquet et Marie-Carole Ciuntu — avant de désigner un rapporteur sur la proposition de loi visant à mettre à contribution les Ehpad privés à but lucratif réalisant des profits excessifs.
Jean-Luc Mélenchon est convoqué à 14h30 par la police judiciaire parisienne pour répondre à une plainte pour injure suite à ses propos sur le président de l’université de Lille.
Lucie Castets se rend à Arras à 14h15 aux côtés d’Alexandre Cousin.
Mathilde Panot, Raphaël Arnault, Danièle Obono et Louis Boyard tiennent un meeting à 19 heures au siège du Parti Ouvrier Indépendant à Paris. 
7h15. France 2 : Bastien Scordia, journaliste chez Acteurs Publics.
7h30. Public Sénat : Georges Naturel, sénateur LR de Nouvelle Calédonie et Florentin Dedane, président de l’association des maires de Nouvelle-Calédonie.   
7h40. TF1 : François Durovray, ministre des Transports … France 2 : Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes … RTL : Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement  … RMC : Paul, 17 ans, victime d’une agression homophobe et Olivier Fabre, maire de Mazamet.   
7h45. Franceinfo : Ian Brossat, sénateur CRCE-K de Paris … Radio J : Charles Rodwell, député EPR des Yvelines … France Bleu Nord : Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques.
7h50. France Inter : Francis Ford Coppola, réalisateur. 
8h00. Public Sénat : Pierre Jouvet, secrétaire général du PS, eurodéputé.
8h10. Europe 1/CNEWS : Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur. 
8h15. France 2 : Dominique Garcia, président de l’Inrap … Radio Classique : Michel Winock, historien et spécialiste de l’histoire de la République française … BFM Business : non communiqué … RMC : Laurent Castaignède, ingénieur, directeur du cabinet BCO2.
8h20. France Inter : Antoine Armand, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie … RFI : Jadd Hilal-Giuliani, écrivain, professeur et chercheur franco-libano-palestinien, auteur de Le caprice de vivre.   
8h30. Franceinfo : Patrick Martin, président du Medef … BFMTV/RMC : Yaël Braun-Pivet, présidente EPR de l’Assemblée nationale … Sud Radio : Philippe Juvin, député DR des Hauts-de-Seine et chef des urgences de l’hôpital Pompidou … LCI : non communiqué. 
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AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Les premiers noms pour les cabinets de Bercy … Shérif de Barnier ou Chief Operating Officer du gouvernement, le rôle de Carrère-Gée décrypté … Les appétits s’aiguisent pour la présidence des Affaires économiques … Numérique : les dossiers sur le bureau de Clara Chappaz (et ceux ailleurs). C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Franck Robine est nommé directeur du cabinet de Bruno Retailleau et Charles Touboul directeur de cabinet de Didier Migaud.
MÉTÉO. A Paris, on joue à “Où est le soleil ?”.
ANNIVERSAIRES : Solange Nadille, sénatrice RDPI de Guadeloupe.
PLAYLIST. Emmanuel Macron a un Message personnel concernant le gouvernement.
Un grand merci à : Clea Caulcutt et Paul de Villepin, nos éditeurs Matthieu Verrier et  Pauline de Saint Remy,Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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